Biographie
LES EXCENTRIQUES, malgré une carrière plutôt brève, à l'aube des groupes de la vague yé-yé des années 60, soit un peu moins de deux ans, demeurent une des références instantanées dans la mémoire collective, lorsqu'il est question de cette époque flamboyante. La raison en est certainement le look particulier de ce quintette originaire de Saint-Jérôme et dont le management avait misé sur une surenchère, suite au succès des Classels, groupe aux costumes, instruments et cheveux immaculés. Les Excentriques avaient pour leur part opté pour la couleur rose, que les punks adopteront à leur tour une dizaine d'années plus tard dans un but nettement plus provocateur. Du printemps 1965 à l'automne 1966, les cinq jeunes gens auront gravé six 45 tours et deux albums, connu quelques succès au palmarès dont deux adaptations de succès des Beach Boys et effectué une tournée de deux mois au Mexique en plus de susciter l'enthousiasme d'un public bruyant et l'incrédulité des adultes. Naturellement, la couleur choisie n'est pas sans provoquer quelques railleries auxquelles les fans du groupe répondent par un soutien inconditionnel à leurs idoles. Sur le plan musical, l'approche du groupe est conforme au profil que l'on se fait généralement de tout groupe yé-yé qui se respecte: rythmes dansants, usage optimal de l'écho sur l'amplification des guitares, timides propositions de chansons originales, la plupart du temps pour le volet ballades de leur répertoire, et attention démesurée accordée au chanteur du groupe. Le premier 45 tours - qui s'avérera le plus marquant de tout leur répertoire - résume à lui seul ce profil: la tonitruante "Fume, fume, fume" est leur adaptation de "Fun, Fun, Fun" du groupe californien des frères Wilson, dont la version française avait d'abord été enregistrée par les Missiles, groupe européen totalement inconnu au Québec, tandis que la chanson plus sentimentale "Amour blessé" est une contribution d'un compatriote, lui-même chanteur pour la même firme RCA Victor, Rocky Messina. La recette est utilisée à nouveau pour les disques suivants. Les reprises "Je veux, je veux", empruntée au groupe britannique The Shadows, et surtout "Aide-moi chérie" une autre pièce des Beach Boys, connaissent un très bon succès et contribuent à la performance de l'album éponyme du groupe qui paraît à l'été '65. Le quatrième 45 tours mise cette fois sur deux compositions du bassiste Denis Lauzon, "Oh chérie" et "Tu reviens vers moi", mais celles-ci étant extraites du microsillon déjà paru, le succès n'est pas au rendez-vous. Deux nouvelles chansons inédites, collaboration du bassiste et d'un ami auteur Robert David, sont lancées avant la fin de l'année 1965 mais ne réussissent pas à faire leur marque, malgré l'excellence de la face rythmée "Je dis non, non, non". Le début de l'année '66 marque un départ en direction du Mexique. Pendant deux mois, nos hommes en rose étonnent et charment le public du pays latin, avant de revenir proposer un second album "La vie en rose". Si l'on ne retrouve aucune trace de la chanson d'Édith Piaf, le disque propose quand même huit nouvelles pièces. Ce retour au pays est suivi d'une nouvelle tournée Excentricités '66 avec l'équipe de Jean Grimaldi, où ils sont précédés en ouverture de spectacle par le groupe Les Rats! Un dernier 45 tours démontre un désir de renouvellement, regroupant une pièce des Mamas & Papas "L'été, l'été" (Monday, Monday) et un succès de l'artiste allemand Drafi "Le fer le marbre et l'acier" (Marmor stein und eisen britch). Malheureusement pour le groupe, le très populaire Pierre Lalonde, qui anime hebdomadairement Jeunesse d'aujourd'hui, l'émission # 1 dans le domaine de la musique pop, les surpasse. Désorientés par la tournure des événements, en octobre 1966, ils choisissent unanimement de se retirer.